Get Ready to the Clown's Wonderland ! [Naïs D. Fearn's Secret Garden]

Imaginez... aprés avoir escaladé une armée de marches, échappé à des clowns bien décidés à vous ajouter à leur tableau de chasse et à des joueurs bien décidés à éliminer tout rival potentiel, vous parvenez au conquième étage. Une lourde porte à double battant attire votre regard et, naïf comme vous êtes en dépit de vos épreuves - ou alors, vous voulez juste mourir, c'est au choix - vous décidez de la franchir. Sous vos yeux ébahis se révèle un vaste jardin à l'anglaise. Vous levez les yeux, et pouvez même voir le ciel. Un instant, l'idée de fuir par là vous traverse puis vous la repoussez à la vue des piques orientées vers le ciel et vers le sol. Combien même vous les atteindriez, vous finiriez empalé. Et ne pourriez de toute manière revenir au sol. Un autre détail vous saute aux yeux : ce jardin est un jardin suspendu. Une terrasse d'une taille anormale, à moitié dans le vide. Sans barrières. Ni rien pour vous empêcher de vous écraser lamentablement au sol. Il suffirait d'un rien... et fini vos souffrances. Enfin... les tessons de verres qui brillent au soleil parmi la pelouse du vrai jardin sont quand même dissuasifs.

Alors que vous avancez au hasard, vous notez l'étrangeté de l'arrangement. En dépit des quelques arbres situés à proximité d'une mare artifielle - vous reconnaissez des aulnes, des ifs et des saules pleureurs et frissonnez en pensant à la noirceur de ceux qu ont dû faire ce choix -, il n'y pas d'endroit où se dissimuler aux regards. Le tertre au centre de la "pièce", où est planté un sureau auquel est accrochée une grande balancelle qui pourrait aisément servir de lit à quelqu'un, permet d'embrasser la pièce du regard à mesure que l'on contourne l'arbre. Vous ne pouvez retenir un frisson d'angoisse, sans savoir à quoi il est dû. Vous continuez votre promenade, notant les buissons d'aubépine et de ronces qui côtoient les timides violettes qui embaument l'air, les chrysanthèmes, les lys... Prés de la mare, les narcisses affrontent les roseaux, qui ne dépassent guère les dix centimètres de haut et sont savamment éparpillés. A croire que tout est calculé pour qu'il n'y ait pas la moindre cachette...

Soudain, vous basculez en avant. Votre pied a accroché quelque chose, et votre tête a heurtée une surface dure. Vous vous redressez en maugréant, avant de vous figer. Vous saviez déja que les habitants de ce lieu étaient fous mais là... vous êtes face à une pierre tombale. Une superbe pierre horizontale, sur laquelle est gravée une date et un numéro, ainsi qu'un minuscule symbole. Vous comprenez que la date est celle de la mort, bien évidemment. Mais, le numéro. Et le symbole ? Des voix se font entendre, et vous paniquez. A force de chercher un endroit où vous cacher sans regarder où vous mettez les pieds, vous basculez en avant. Une fosse vide... C'était donc ça, ces trous dans la pelouse ? Elle est trop profonde pour que vous puissiez sortir, pas assez hélas pour que vous vous soyiez blessé durant votre chûte. Terrifié, vous voyez deux visages se pencher sur vous et vous sourire. Dans un éclair, vous reconnaissez des clowns, avant que votre vue ne soit obscurcie par la terre qui tombe sur vous. Vous êtes enterré vivant. La dernière chose que vous entendez, ce sont les clowns qui décident d'apposer leurs symboles respectifs sur votre pierre tombale, pour faire savoir que vous êtes une "distraction commune"...