Nous y sommes …
Devant la belle, la douce, s’élevait un immense manoir. Un endroit macabre, sombre. Enchanteur en quelque sorte. Elle savait déjà à quel point elle se plairait ici. Personne pour ne la juger que sur son apparence. Et malheur à ceux qui oseraient. Elle était finalement chez elle, non? C’était ici qu’elle aurait dû vivre. En cette demeure qu’elle aurait du grandir. Elle n’aurait certainement pas été la même. La même idiote faible. Sa mère, cette horrible mégère qui l’aimait tellement, elle se trompait. Bien qu’elle fût la seule à croire en elle, elle se trompait affreusement. Elle n’était pas la gentille petite fille qu’elle avait mit au monde. C’était terminé. Elle ne serait plus ce que tout le monde voulait qu’elle soit. Laide, elle n’était que le rejet d’une société dysfonctionnelle. Belle, elle était la tête d’affiche, maintenant personne ne pouvait plus se priver d’elle. L’on reconnaissait ses talents. Talents qu’elle avait également lorsqu’elle n’était pas belle. N’est-ce pas pathétique? C’est ce pas cruel? Elle a bien assez été ridiculisée.
La petite fleur prend sa revanche maintenant…
Comme elle semble douce la petite
Comme j’aimerais l’aimer la petite
Comme j’aimerais la câliner la petite
Comme elle a changé la petite…
« Alors Ticky? Est-ce que le jeu peut commencer maintenant? » Murmura la jeune américaine en franchissant d’un pas assuré les portes du Manoir. S’engouffrant dans la noirceur la plus profonde. Ce noir qui dissimulait ses traits, qui cachait son beau visage. Ici, bien que tout n’était qu’un horrible jeu, ce n’était que la véritable personnalité des gens qui finirait par triompher. Les faibles trépasseront, Les vainqueurs seront inévitablement les plus forts. C’est la loi du jeu, c’est sa nouvelle loi. Elle laissa sa main se glisser sur les murs, se fondre avec son environnement. Aucune expression sur son visage fermé. Elle analysait, elle écoutait, elle observait. Laissant ses yeux s’habituer à la noirceur. Se laissant guider par l’atmosphère morbide de la demeure qui serait la sienne pour les prochaines semaines. Des semaines où elle pourrait se découvrir, où les gens apprendraient à connaître la future gagnante. L’argent l’importait peu, mais la victoire l’intéressait. Car ainsi, elle pourrait faire comprendre bien des choses à cette humanité pourrie. Humanité où l’apparence, les biens matériels étaient absolument tout. Alors qu’il y avait encore bien plus que cela… Bien plus… Du moins, elle l’espérait réellement. Au fond, elle n’était pas bien méchante. La jeune femme avait simplement perdu espoir en l’humain. Humain qu’elle comptait punir, de l’avoir elle-même punie pour sa laideur…
D’une voix douce, claire et mélodieuse, elle fredonnait de jolies comptines macabres de sa composition… Alors qu’elle avançait lentement, à la découverte de l’horrible manoir enchanté…
Approche, Approche
Bel agneau…
Vient que je t’accroche
Sur ma belle broche…
Sa voix résonnait en une symphonie macabre… Ne donnant qu’une ambiance davantage effrayante à l’endroit qui ne pouvait certainement pas l’être plus que cela. Mais bien sûr que oui, puisqu’elle était là maintenant. Rapidement, la belle repéra une minuscule porte. Ce fut celle-là qui attira son attention plus que les autres. Elle s’y dirigea et l’ouvrit sans peine. Elle se glissa à l’intérieur, s’y faufila quelques instants et déboucha sur un endroit plus qu’intriguant. Un endroit qu’il ressemblait à un labyrinthe géant, faisant sourire la jolie chanteuse qui eu l’impression qu’elle allait rapidement familiariser avec l’endroit. Après des années passée seule, sans amis, elle avait apprit à développer des habiletés que le commun des mortels trouverait inutile. Elle saurait rapidement s’y retrouver. Toujours calme et chantonnant des comptines, elle fit de nouveau glisser sa main sur les murs, jusqu’à ce qu’elle s’enfonce davantage, elle engouffra sa main jusqu’à toucher un bout pointu, la lame la coupa, elle en sortir un couteau, finement aiguisé. L’américaine ne s’inquiéta pas davantage de la blessure qu’elle venait de se faire à la fin, songeant plutôt à tout ce qu’elle pourrait faire avec ce magnifique couteau. Les possibilités étaient infinies… Tellement alléchantes. La jeune femme avançait avec assurance dans les dédales du labyrinthe. Remarquant chaque endroit qu’elle traversait. Jusqu’à ce qu’un bruit éveille son esprit. Rapidement elle se dissimula dans une intersection, attendant avec impatience la personne qui arrivait, c’était bien des bruits de pas qu’elle venait d’entendre…
Approche, Approche
Bel agneau…
Vient que je t’accroche
Sur ma belle broche…
Murmura-t-elle d’une voix pratiquement inaudible, alors qu’elle laissait sa proie approcher, sa proie à qui elle apprendrait les choses de la vie. Mieux valait plaire à Keisha, Sinon la poupée au regard perçant se ferait particulièrement sadique et menaçante… Qui pourrait s’en prendre à un aussi joli visage? Dites-moi…Retournant le couteau dans ses mains, elle se faisait patiente, il fallait attendrir la viande avant de la manger…Ça tout le monde le savait.
Petit, petit, petit ….Aller, vient mon chéri…
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