Viens par ici, petite brebis égarée [Shade]

Tickyness : 619 Topic : BUSY Ticky ? : You're my master !

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Shade, entêtée, glaciale Shade, parcourait le Manoir avec constance depuis son arrivée. En un sens, chacune de ses découvertes lui donnait envie d'en savoir plus, chaque mauvaise surprise lui faisait mal aux zygomatiques à force de se retenir de sourire. Ce lieu était le Paradis des écrivains d'horreur. Elle avait une fois de plus montré son génie en participant à ce si délicieux jeu. Et ces clowns... la jeune femme ne put retenir un soupir rêveur. Il n'y avait qu'un être qui dépassait son talent de la mise en scène, et c'était l'organisateur du jeu. Ses disciples faisant montre d'un talent indéniable pour le meurtre et l'effroi. Combien de fois déja était-elle tombée sur un participant auquel on avait artistiquement ôté la vie ? Combien de fois avait-elle croisé une candidate en larmes ? Et, surtout... combien de fois avait-elle joué à les enfoncer davantage dans leurs terreurs ? Ils n'étaient aprés tout qu'une toile de fond. Toile idéale, certes, mais toile quand même. Ils ne valaient pas la peine qu'elle agisse envers eux avec égards.

Parfaitement tranquille, Shade avançait dans le labyrinthe, s'y perdant avec délices tout en mettant des mots sans suite sur la mélodie qui résonnait dans l'antre du Minotaure. Pour le goût, elle trouvait que c'était too much, cette musique. Il eut été plus angoissant de lâcher quelques rats, blattes, araignées, serpents... et chauves-souris vampires avides de sang. Un sourire glissa sur les lèvres de la jeune femme à cette idée, alors qu'elle se mettait à gratter doucement le dos de son araignée. Miss Spider aurait sans nul doute apprécié d'avoir un peu de compagnie... Alors qu'elle en faisait la remarque à son amie, un hurlement à glacer le sang de quiconque retentit, faisant pétiller les yeux de Shade. Il venait de pas trés loin... A l'oreille, elle dirait... Courant, Shade revint au croisement qu'elle venait de passer, prenant à gaiuche puis à droite. Le cri continuait de résonner, la régalant et l'inondant d'une énergie nouvelle. Décidément, cette musique était plus gênante qu'autre chose. Elle l'empêchait de savourer la délicate structure musicale que constituait cette voix terrifiée.

Enfin, elle parvint à la source du bruit. En voyant cette fille, la tête dans les mains, et légèrement tremblante, Shade perdit son habituel contrôle. Elle se retenait depuis son arrivée, aprés tout. Lentement, son visage se défit, alors que l'hésitation et une certaine appréhension se peignait sur ses traits. L'instant d'aprés, elle laissait son rire se répercuter librement sur les murs, pliée en deux. Lâchant un instant Miss Spider qui en profita pour monter sur le sommet de son crâne, défiant du regard la fausse joueuse mais vraie clown.
Quelques minutes furent nécessaires à la jeune femme pour reprendre son calme. Aprés s'être essuyée les yeux, elle lâcha un dern ier rire, méprisant celui-là. Gamine. Pour se faire effrayer par si peu, il fallait bien être stupide. Et elle comptait bien lui faire savoir son opinion sur le sujet.

_ Imbécile. Hurler pour si peu, pathétique. C'est la petite musique qui t'a fait peur ? Pourtant, elle fait plus too much qu'autre chose. A la limite, il y aurait cafards, araignées, serpents et autres tu aurais pu prétendre avoir peur, mais là... T'espérais quoi ? Faire venir tes copains les clowns ? Tss... Le Minotaure ne va pas arriver en courant pour te violer et te manger ensuite. Quoique j'apprécierais qu'il le fasse, ça ferait une gêneuse de moins dans ce jeu.

Bras croisées, Shade s'appuya davantage contre une paroi du labyrinthe, jaugeant de l'impact de ses mots sur la fille. Pas terrible. Se ramollirait-elle ? Elle en doutait. Souriant froidement, elle sortit le cruciforme de sa poche, l'admirant un instant avant de le pointer vers la fille, puis de le ranger d'un geste vif. Il n'y avait pas à s'inquiéter. Il suffisait d'en rajouter un peu, de lui faire sentir qu'elle n'éveillait aucune pitié en elle, et le masque craquerait. Elle fondrait en sanglots, l'insulterait, et ne tenterait pas de lui courir aprés, la laissant ainsi libre d'explorer librement ce labyrinthe. Elle ne s'embarassait pas des faibles. Ni des forts, d'ailleurs. Elle, elle observait, et donnait l'impulsion nécessaire pour que les évènements se déroulent selon son scénario, ou ses intrigues parallèles. Une sorte de Dieu sur Terre, en fait... Shade rejeta légèrement sa chevelure en arrière, d'un geste parfaitement hautain. Elle était mégalomaniaque, et ensuite ? Cela valait mieux qu'être une cruche comme dans le genre de l'autre, là. Cette fille était à la frontière du cliché.

_ Aurais-je l'honneur de connaître la première personne en ces lieux qui ne mérite pas même d'être une toile de fond ? Tu devrais contacter le Guiness si tu parviens à sortir d'ici autrement que les deux pieds devant - ou derrière, en fonction de l'humeur de ceux qui porteront ton cercueil, si cercueil tu as. Les prévenir que le record du pire cliché quand à la connerie féminine vient d'être battu à plates coutures.

Tranquillement, Shade s'éloigna, le dos droit, bien décidée à continuer son exploration. Cette garce lui avait fait perdre son si précieux temps ! Il fallait qu'elle connaisse les lieux par coeur, si elle voulait pouvoir rencontrer le maître du Manoir. C'était une condition sine qua non, elle ne pouvait se permettra de se laisser piéger dans un passage secret. Ce serait une fin par trop indigne d'elle. A la limite, mourir de la main du seigneur des lieux serait la seule fin acceptable - surtout si il faisait montre de tout son talent pour elle.

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La terreur, Anouk la connaissait par coeur : elle l'avait tellement côtoyée, l'avait lue tant de fois dans les yeux de ses charmantes victimes. Il était facile de la jouer, plus facile que ce qu'on peut croire. Plus facile que ce que cette écervelée qui se croyait maligne pouvait croire. Le cri de la clown l'avait inévitablement attirée sur place. Elle était arrivée en courant mais pas pour la secourir. Apparemment, la solidarité, c'était pas vraiment son truc. Dommage, mais Anouk s'y attendait tout de même. Après tout cette femme arpentait le manoir dans tous les sens depuis son arrivée, comme si elle espérait le connaître de fond en comble. C'en était risible et pourtant c'était bien cette même femme qui s'esclaffait face à la clown. Anouk tremblait de tous ses membres et avait la respiration haletante. Elle aurait bien voulu pleurer pour paraître un peu plus crédible mais cela faisait des années déjà qu'aucune de ses propres larmes n'avait coulé le long de ses joues. Ticky devait être fière d'elle et il n'aimait certainement pas les faibles, alors, Anouk s'était fait la promesse d'être forte.

Elle restait silencieuse face au rire qui résonnait dans tout le labyrinthe et qu'elle entendait on ne peut plus clairement malgré la musique assourdissante. Intérieurement, elle rêvait de lui faire ravaler sa fierté à deux balles et son attitude hautaine. Pour qui se prenait-elle ? Elle n'était qu'une pauvre candidate, qu'une simple larve humaine comme il y en avait des milliards qui se battaient pour survivre sur cette planète. Ticky aurait peut-être désiré en faire une de leur alliée mais en cet instant Anouk voulait qu'elle souffre le plus longtemps possible et rêvait de mettre un terme à sa misérable existence. Qu'elle meure, cette peste.

La jeune clown feignit d'être affectée par ses remarques et garda la bouche ouverte. L'idiote en face d'elle penserait certainement qu'elle lui avait ôté toute possibilité d'argumenter et l'avait poussée dans ses derniers retranchements. Elle secoua légèrement la tête en reculant et lorsqu'elle toucha le mur, Anouk murmura :

"Non, non... Je ne vais pas mourir. Je ne veux pas mourir. Je..."

Elle s'arrêta net et baissa la tête. Décidément, c'était trop dur de jouer les pauvres idiotes effrayées. Mais il fallait qu'elle le fasse, que sa proie la prenne définitivement pour une imbécile bonne à rien, pas même à se défendre. Il fallait qu'elle achève de l'endormir dans ses idées reçues. Ça n'en serait que plus surprenant et ce ne serait que comme ça qu'elle comprendrait qui était la plus forte. Aussi Anouk bascula-t-elle en avant pour se mettre à genoux et crier au dos de la femme :

"Aide-moi ! Je t'en supplie, aide-moi !"

Un cri à demi étouffé, qui portait en lui toute la supplication dont on était capable dans ce qu'on pensait être les derniers instants de sa vie. Anouk était vraiment fière d'elle, jamais elle n'aurait cru pouvoir être si convaincante dans le rôle de la pauvre gamine terrorisée. Comme quoi, ce jeu lui réservait encore bien des surprises !

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Et elle suppliait, et elle implorait, la pauvre petite choute. Une véritable gueille, dépourvue du moindre intérêt, dont elle s'était lassée avant même d'avoir vraiment commencer. Supplier quelqu'un qui a l'évidence ne vous considère pas, quel ridicule. Cette fille n'était pas une toile de fond, finalement. Elle était juste une tache d'encre laissée par son stylo sur la pureté du papier à la blancheur chlorée. Lui répondre serait un pur gaspillage.
Shade ne se retourna pas et continua d'avancer, délaissant finalement toute méthode pour se laisser guider par son imagination qui fonctionnait à grand train. Ici, une fissure dans le mur lui laissait imaginer un pic acéré s'abattant vers un homme à la forte carrure, faisant tomber son masque de virile arrogance au profit de la terreur qu'il se devait de ressentir. Un vulgaire instinct le fait se décaler, et le pic s'abat dans le plâtrer. Alors que l'assassin le dégage, la fissure se crée, et il se tourne à nouveau vers sa victime. Cette fois, il n'y a plus d'espoir. Le sang et la graisse giclent alors que l'homme chûte comme un chêne touché par la foudre, le crâne défoncé. Là, il y avait une marque d'impact, et devant ses yeux se déroula la longue traque dans le labyrithe, la course désespérée pour échapper à un poursuivant dont on ignore tout si ce n'est qu'il est armé et bien décidé à nous trouer le cuir...

Un énième croisement, et Shade se baissa, ramassant le bâton noueux qui gisait là. Il était doux, presque chaud, et poli par le contact avec des mains inconnues. A l'une de ses extrémités étaient quelques tâches rougeâtres, brunâtres. Elle sourit en les caressant distraitement, du bout des doigts. Elle se représentait les expressions terrifiées de ceux qui avaient dû le voir s'abattre sur eux dans un sifflement menaçant, sans pour autant la comprendre. Elle ne ressentait que du mépris pour les gens, ces larves pathétiques. Elle voulait les écraser, leur faire ressentir leur insignifiance, les voir craindre son ombre. Ils ne méritaient rien d'autre. Affligeantes créatures toujours dépendantes d'une instance supérieure. Que ce soit Dieu, la Science, l'Amour, ils étaient incapables de simplement décider de leur vie. Même l'Argent devenait un moyen de transcendance entre leurs mains. Ridicule.
Machinalement, l'écrivain laissa ses doigts courir le long du dos velouté de Miss Spider. Les animaux étaient ô combien supérieurs aux humains. Ils ne s'embarrassaient pas d'émotions, ne se protégeaient et s'entraidaient que pour le bien de la meute. Ils n'attendaien trien en retour, jamais. Ils étaient sages.
Des bruits légers de pas la firent se tendre un instant avant qu'elle ne se redissimule, s'éloignant en cachant au maximum le bruit de ses pas. A moins que quelqu'un d'autre ne soit entré dans le miroir, il n'y avait pas de raison que l'on la suive. La gourde n'aurait pas dû la suivre, en dépit de sa terreur. Elle avaitr assez observé les gens dans les bas-fonds de Harlem pour savoir que personne ne suit quelqu'un qui vient d elui refuser son aide et de l'humilier, qu'importe la terreur. Stupide orgueil de victime.

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[Pfiou, avec le recul mon post précédent était vraiment foireux... xD]

Anouk fixa avec un sourire narquois la grande plante noire s'éloigner. Elle pensait certainement laisser derrière elle une adolescente paumée dont la fin était proche. Une pauvre fille qui ne méritait pas qu'elle s'abaisse à l'aider. Comme elle se leurrait, cette femme trop hautaine pour que la fille de Ticky cherche à la rallier à sa cause. Non. Celle-là serait le genre de fille qu'elle prendrait un malin plaisir à dépecer, à entendre crier et supplier. Elle voulait la voir ramper face à elle avant d'abréger ses souffrances, ni plus, ni moins. Voilà les plans qu'elle avait pour cette fichue bonne femme à l'orgueil mal placé à son goût. Elle se releva alors doucement, prenant son temps volontairement. Elle avait hâte de se délecter de la tête qu'elle ferait en la voyant réapparaître devant elle. Rien de plus facile pour un clown aguerri. Anouk savait parfaitement où se trouvait sa future victime et surtout connaissait le chemin le plus court pour la rejoindre. Elle sourit alors que son regard s'assombrissait et qu'elle passait sa langue sur ses lèvres. Elle s'imaginait déjà parfaitement l'odeur du sang, son goût qu'elle n'avait pas goûté depuis trop longtemps à ses yeux. D'on ne sait où, elle sortit un poignard, comme s'il était apparu par la seule force de sa pensée. Elle sourit en l'observant sous toutes les coutures avant de passer un doigt sur la lame, puis marcha silencieusement jusqu'à l'un des passages et réapparut quelques mètres plus loin, à quelques croisements de celle qui croyait l'avoir laissée derrière elle.

Et c'est justement au détour d'un croisement qu'elle tomba nez à nez face à elle. Un sourire macabre orna aussitôt son visage et elle murmura :

"Surprise !"

Elle approcha sa main de l'araignée qui restait docilement sur l'épaule de la femme et, alors qu'elle effleurait la bête du bout des doigts tout en l'admirant, elle souffla :

"Imprudence, imprudence. Ne jamais sous-estimer son adversaire. Règle de base. Etre toujours prêt à faire face à une surprise..."

Elle releva les yeux vers elle et sourit d'un air narquois avant de s'éloigner :

"Tu ne t'attendais pas à cela, n'est-ce pas ?"

Anouk rit légèrement. Un de ces rires à faire froid dans le dos, quoique celle face à elle serait bien foutue de ne pas avoir peur. Non, elle était là pour faire le spectacle et espérait gagner l'amour de Ticky. Douce illusion. Elle ne l'aurait jamais, non... Seuls quelques élus pourraient y prétendre et la clown n'avait pas envie qu'elle soit de ceux-là. Dommage pour elle. Mais son père lui avait demandé de ne pas se dévoiler trop tôt, allez savoir pourquoi. En plus, son but était de rallier des membres intéressants à leur cause, pas de tuer ceux qui avaient un peu trop d'ambition. Restait à savoir ce que celle-ci réservait à Anouk. Espérons que ce ne soit pas un coup de bâton, sinon, ses jours seraient comptés... La clown s'approcha d'un mur pour s'y adosser et sortit de sa poche son paquet de cigarettes et le briquet en argent qui lui rappelait tant son fils. Elle avait bien besoin de fumer après avoir dû passer pour une idiote à ce point. Jouer la comédie ne devait pas être son activité préférée. Elle alluma sa cigarette puis, après avoir tiré dessus demanda à la femme :

"Comment tu t'appelles ?"

Elle fronça légèrement les sourcils, celle-là lui disait bien quelque chose mais les noms et Anouk... Ça faisait deux. Le sien changeait si souvent qu'on ne pouvait pas lui en tenir rigueur. Mais elle avait une curieuse lubie : elle aimait toujours nommer ses victimes. Celle-là se nommerait Charline dans sa tête. A moins que celui qu'elle lui donnerait lui plaise plus.

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